Histoire du village K O U K O U.

le royaume Kabyle effacé de l’Histoire « officielle »algérienne.
Culminant à 940 mètres d’altitude sur les hauteurs du Djurdjura, le village Koukou, situé dans la commune des Aït Yahia, Daïra de Aïn El-Hammam (ex-Michelet), est aujourd’hui un village kabyle comme il en existe des centaines d’autres sur les hauteurs du Djurdjura. Mais ce village a été, dans un passé relativement proche de nous, la capitale d’un royaume qui a longtemps régné en maître sur la Kabylie, et qui a été oublié, voire même délibérément effacé des livres de l’Histoire « officielle » algérienne.

Suite à la prise de Béjaïa par les espagnols vers 1510 et la chute du royaume des Hafsides, Ahmed Ouelkadi, qui était alors fonctionnaire au service des Hafsides, se réfugie au coeur de la Kabylie et parvient a réunir autour de lui une confédération de puissantes tribus kabyles et à fonder le royaume de Koukou, qui régnera pendant près de deux siècles sur toute la grande Kabylie.

En 1514, Ahmed Ouelkadi, qui avait établi le centre de son pouvoir dans l’actuel village de Koukou, sur les hauteurs du Djurdjura, s’allie avec le célèbre corsaire ottoman Oruç Barberousse (également appelé « Arudj Barbaros », « Baba-Arudj », « Arudj Raïs » ou encore « Oruç-Raïs) afin de reprendre la ville de Bougie aux espagnols. L’expédition réussit dans un premier temps, avant que les espagnols ne reprennent la ville, qu’ils ne perdent à nouveau qu’en 1555.

À la mort d’Oruç Barberousse en 1518, Ahmed Ouelkadi est accusé de trahison par Khayr Ad-din Barberouuse, frère et remplaçant d’Oruç, et doit partir se réfugier dans sa forteresse de Koukou. En 1520, Khayr Ad-din décide de lancer une expédition contre le Royaume de Koukou, les armées ottomanes sont écrasées par les tribus kabyles menées par Ahmed Ouelkadi qui continue sa marche et prends la ville d’Alger, sur laquelle il régnera en maître absolu entre 1520 et 1527, année de son assassinat.

Après l’assassinat d’Ahmed Ouelkadi, le royaume de Koukou commence à décliner du fait des nombreuses luttes pour le pouvoir. Mais le royaume réussira tout de même à s’imposer pendant près de deux siècles comme une redoutable puissance militaire, s’alliant tour-à-tour avec les turcs contre les espagnols, ou avec les espagnols contre les turcs en fonction des enjeux politiques et économiques. Le royaume de Koukou finira par disparaître définitivement vers 1750, notamment à cause des sanglantes luttes pour le pouvoir au sein de la famille régnante, ainsi que du partage de ses terres entre les différents descendants d’Ahmed Ouelkadi.

Aujourd’hui, Koukou est un village presque oublié perché sur les hauteurs du Djurdjura, seuls quelques vestiges témoignent encore de son glorieux passé, et d’une page de l’histoire oubliée, voire même délibérément effacée des livres d’Histoire « officielle ».